Naissance de l'America's Cup

Tableau arrière de la goélette America
L'initiative américaine
America au près, portant toute sa toile
En 1851 à l’initiative du New York Yacht Club (NYYC) et de son comodore John Cox Stevens, la goélette America traverse l'Atlantique pour venir défier la fine fleur du yachting anglais.
A Wight, la saison bat son plein, mais les Anglais ne semblent pas pressés de répondre au défi lancé par la goélette américaine. L'avenir leur donnera raison. Ce n'est qu'après un article incendiaire à leur égard parut dans le Times, qu'ils finissent par accepter que la goélette américaine participe à la Coupe de Cent Guinées.
On  connait la suite : America malgré un départ raté, va remonter toute la flotte et gagner la course. Son équipage ramène à New York la Coupe de 100 guinées, qui deviendra la célèbre Coupe de l'America, le plus ancien trophée sportif au monde.
En 1857, le NYYC informe les yachtmen du monde entier qu’il ouvre la compétition. Le premier règlement stipule que l'épreuve se disputera en fonction des défis lancés par des clubs étrangers au NYYC. Le challenger devra traverser l’Atlantique par ses propres moyens et affronter une flottille de bateaux américains comme l’a fait America six ans plus tôt.

Les défis de James Ashbury
Cambria - Currier & Ives
Les challengers ne se pressent pas au portillon, notamment les Anglais qui, prudents, se rappellent la cruelle défaite infligée par la jeune Amérique six ans plus tôt. Le premier à se décider est, en 1870, James Ashbury riche rentier, propriétaire de la goélette Cambria. Le premier défi de la Coupe de l’America soulève un énorme enthousiasme dans le public, mais le challenger termine dixième. À son retour en Angleterre, Ashbury est assailli par certains de ses compatriotes qui veulent déposer une réclamation contre l’un des bateaux américain accusé d’avoir serré Cambria de trop près. La Coupe de l’America devient ainsi un sujet de discorde dès sa première édition et les relations entre anglais et américains vont se détériorer très rapidement.

James Ashbury dans le cockpit de Livonia
Atteint par le virus de la Coupe comme bien d’autres après lui, Ashbury lance un second défi en 1871. Il fait construire Livonia, une goélette de 127 pieds portant plus de 18 000 pieds carrés de toile et demande à ne rencontrer qu’un seul adversaire. Après bien des tergiversations, le NYYC finit par accepter, se réservant toutefois le droit de sélectionner un bateau dans une réserve de quatre, en fonction des conditions météorologiques rencontrées le jour de la course. Cette stratégie se révèle payante et Ashbury perd quatre courses sur cinq. La deuxième course est cependant remportée de manière litigieuse par le bateau américain qui passe sous le vent d’une des bouées du parcours. Ashbury n’accepte pas sa défaite et continue de se présenter pour les courses suivantes comme si de rien n’était. Il finit par se déclarer vainqueur et demande que la Coupe lui soit remise. Devant le refus du NYY, il rentre en Angleterre s’offusquant de ces façons de faire et du manque de sportivité des Américains, relayé en cela par les journaux anglais. La colère d’Ashbury aura pour mérite de pousser le NYYC à revoir le règlement, et décider qu’à l’avenir, il n’y aura qu’un seul défenseur.

Countess of Dufferin
Les défis canadiens
Conscients de la rancœur suscitée, les Américains s’attendent à patienter à nouveau de longues années. Aussi sont-ils presque étonnés lorsque cinq ans plus tard, en 1876, un nouveau défi leur parvient, émanant du capitaine Cuthbert du Royal Canadian Yacht Club (RCYC) situé à Toronto sur le lac Ontario. Certains New-yorkais émettent des doutes sur la compétitivité de ce défi, mais les Américains acceptent faute de mieux. Le challenger pompeusement appelé « Countess of Dufferin », est construit pour l’occasion sur le modèle des goélettes de pêche. Mais le club Canadien n’a pas les moyens de ses ambitions et la goélette ne peut être achevée que grâce à un appel urgent au peuple. Countess est battue à plates coutures lors des deux premières courses, et ne peut se présenter à la troisième, car comble de l’ignominie, son capitaine a dû la déménager en catimini pour échapper aux créanciers. On ne peut pas dire que cet épisode peu glorieux apporte une bonne publicité à la compétition et certains commencent déjà à railler la Coupe de l'America.

Mischief et Atalanta - Currier & Ives
Quatre ans plus tard les membres du NYYC ont à nouveau des sueurs froides en recevant un défi de la part du même Cuthbert par l’intermédiaire du Yacht Club de la baie de Quinte à Belleville dans l’Ontario. Mais n’ayant pas d’autres propositions en vue, ils se résolvent à l’accepter. Le nouveau bateau de Cuthbert, Atalanta, est convoyé vers New York en chaland, tiré par des mules. Tout en s’inquiétant de l’hilarité provoquée par le mode de transfert du challenger, les membres du NYYC choisissent le sloop Mischief pour les représenter. En deux courses de grosse brise, il ridiculise Atalanta. Lors de la seconde course, le Canadien s’en tire si mal que le comité de course lui adjoint un remorqueur au cas où il chavirerait. La Coupe de l’America, qui était considérée comme une véritable institution dans le monde du yachting devient une plaisanterie. De plus, Cuthbert compte hiverner son bateau à New York et menace de recommencer la plaisanterie en 1882. Certains membres du NYYC proposent d’arrêter définitivement la compétition. D’autres estiment que le problème provient du règlement qui est trop permissif. Celui est revu une seconde fois : plus de clubs « d’eau douce » (à destination des clubs Canadiens des grands lacs), les challengers doivent arriver à New York par la mer, aucun bateau battu de pourra recourir avant deux ans etc.
La coupe de l'America